Double vague:      
      FLUXUS 

Double vague:  LE TAS 
 D’ESPRITS
Double vague:   action
Double vague:   vidéo
Double vague:    photo
Double vague:  écrits

 

           39 LIGNES ANTICIPATRICES  DE   L’ART

QUELLES SONT LES LIMITES DE L’ART ?  question de Ben Vautier pour le Tas d’Esprits 

 

 

 An 2006, post Dada: l’Art est mort ! Vive l’Art. Rien ne s’arrête. Illusion de théoriciens, d’historiens. Tout est bien représenté, répété, au musée comme en galerie, avec en écho dans la rue, son double: la réalité maintenue à ses états d’âmes préhistoriques, à ses comportements primitifs. Humaine… L’œuvre pérenne demeure séparée, dans le cadre prévu à son effet. L’objet se surproduit, à l’identique, se copie.. Mort de l’auteur. Totems et tableaux de chasse. Possessions. Valeurs. Marché. Intérêt personnel et général.

L’acte, ailleurs, fait son spectacle. La forme aurait changé. Sacrée forme qui joue, élucide, se colle au fond. Message. Artiste en besogne. Tous les droits, tous les choix pour l’Art et la Vie. Le vingtième siècle a éjaculé d’un feu d’artifices, propice. La  fontaine de Duchamp pisse ses gerbes transparentes : errance et évanescence. Liberté créatrice ouverte à tous les vents. Plaisir infini du sujet. L’éphémère plane dans l’air. Atmosphère à la mode. Idée revisitée. Etat de grâce. Absences, vides et ponts. L’histoire fait l’amnésique : sauts d’écriture. La pensée radicale se glisse. Revenante du désert. Figurante fantôme conviée à repasser. Concept à  la blancheur virginale. La fatale attitude sacrifie ses icônes sans pleureuses. Légèreté et gaité du  propos. L’esprit rieur, frappeur oublie ses femmes : les génitrices, les bons offices qui donnent ces inlassables générations d’artistes. Vite, à l’œuvre ! Jambes écartées ! Joujoux technologiques, gadgets, machines à créer convient la nouvelle engeance. Tous à la foire, pour le grand écart de la pensée. Projet gigantesque, entrepris à cent quatre vingt degrés de la matière première, origine détournée, propulsée loin, pour ne plus voir, ni réfléchir, ni comprendre, ni chercher, ni désirer, ni sentir… L’intime apparition s’envole : l’esprit aurait un corps, une conscience, une vie. Un doute sensible s’immisce…ici et maintenant : un tas d’esprits enjoués remue ses mots follets : L’ART EST : VIE ! 

 

 

 An 2046, post révolution internet : l’Art est mort ! Vive l’Art ! Les limites de l’Art semblaient  évidentes. Fallait-il… une loi ? Une idée suffirait pour… Créer, détruire : une même chose. Tout acte était  possible ! Inventer du jamais vu, du jamais fait. Dévoiler une autre réalité... Les artistes se répétaient : tout a déjà été fait, nous prélevons dans le vaste champ des œuvres et du présent, nous sommes des assembleurs. Que l’un d’entre eux commence... Ils se fichaient depuis longtemps, de la vie, du monde et de la survie collective. Dépassé, ridicule. Boulot de politique, de philosophe. Des artistes, pas des missionnaires, pas des sentimentaux!  Ne faisaient pas dans la dentelle ! Stupide mièvrerie du bonheur! Fini le paradis ! Aller de l’avant ! Enfoncer le clou du réel pour une bonne prise de conscience. L’œuvre était critique et, les artistes neutres. Ils reproduisaient les processus, les mécanismes. Témoins de leur temps. Constat d’évidence. Pas d’engagement désuet. L’acte, l’œuvre fut scandaleuse et médiatisée. La gloriole, facile. Belle reconnaissance avec procès gagné. Ils ont dépassés les limites de l’art : actes de violence : agression, torture, viol, soumission, prostitution, inscriptions pérennes sur le corps, pressions  psychologiques, économiques  sur personnes non consentante, sans défense, et, sur animaux ! Actes de modification pérenne sur le vivant : pollution, clonage, gènes…etc. Qui connaissait le sens du mot « éthique » deux générations plus tard ?

 

 

 L’ART  EST : MORT !                                                                                 Elisabeth Morcellet ©   27.06.2006

REPONSES  A  BEN  VAUTIER

 

PARTIE THEORIQUE

 

ORIGINE DE L’ART                    QUELLES SONT LES ORIGINES DE L’ART ?  QU’EST-CE QUE L’ART ?

 

 A l’origine de l’histoire de l’art, on trouve la conscience de l’inconnu (peur, fantasme, pouvoir) s’alliant à une forme  d’impuissance face au réel. Les besoins primitifs laissèrent une place à une première attitude métaphysique ou existentielle qui vénéra l’environnement naturel lié à la survie.  Mystère et notion de beauté firent leur apparition.  Les premiers codes artistiques s’inaugurèrent. Le plaisir,  le jeu, le sacré, l’action placèrent les bases des premiers arts vivants. S’y ajoutèrent  des notions culturelles, celle des richesses, des distinctions ou des différences. L’art enfin, se mua en affirmation d’un pouvoir, d’une caste, en représentation d’une société.

 

Aux origines mon histoire, l’art fut et se définirait chronologiquement comme suit:

Positivement :un plaisir, un jeu, une émotion, la sensation d’une différence, des notions de beauté,  de talent, une vocation, des questions sans réponses, un travail agréable, une faculté de distanciation et de réflexion sur le réel, une recherche de sens, une compréhension et une modification du monde, un désir d’utopie, un questionnement d’identité (féminine), une quête de l’autre, de l’amour, un choix de vie, un refus des règles, un engagement politique, une construction permanente de soi, une aventure, un laboratoire expérimental sur la vie, de nouvelles parentés avec liens et réseaux, des mouvements, une attitude existentielle et philosophique. Une création de bonheur, la quête d’une vérité personnelle.

Plus simplement au positif : un « ETRE AU MONDE », en pensées et actions  libres, dans une volonté de  transformation.

Au négatif : une grande désillusion, du doute,  une torture, un échec, une erreur, une vanité, un trucage idiot, un effet de mode,  une fixation du temps, une obsession créatrice égotique, une farce pour dupe, un jeu de rôle parmi tant d’autres, une reproduction de codes, un commerce, des chapelles avec les exclus et les élus, des définitions, du savoir, des pouvoirs, de la gloire, de la misère, de la destruction, une pollution de plus, une surproduction inutile.

En résumé : une micro société semblable dans tous ses mécanismes à LA SOCIETE

C’est le résultat d’un ART PROCHE DE LA VIE et d’une VIE PROCHE DE L’ART. (texte lu le 13.12.07 Galerie Lara Vinci podium de  BEN.)

 

   L’ART                                                                                                                              POURQUOI L’ART ?

  

Parce que c’est faire passer en premier le principe de plaisir à celui de réalité*, avec sa sensibilité, son intensité, sa passion, sa folie, son débordement des règles, des convenances, ses dépassements.

Parce que c’est choisir dans une/des histoires de l’art, d’autres modèles, d’autres référents, d’autres époques que celle dans laquelle on a été formé.

Parce que cela donne (quasiment) toutes les libertés individuelles de penser, d’agir, d’exprimer.

Parce que cela donne l’espoir de faire évoluer la vision des choses et des comportements.

Parce que dans le choix pris de l’artiste, il y a  forcément  une position, un point de vue. Il y a engagement même dans la neutralité.

*citation catalogue du « TAS D’ESPRIT »        

    LIMITES DE L’ART                                                                QUELLES SONT LES LIMITES DE L’ART ?

 

L’art crée sa propre limite et la définit dans chaque œuvre. Il est la création de la limite même, le cadre qu’il se donne, la définition qu’il se trouve.

Il travaille par abstraction, par sélection, par choix, donc par limitation face au « tout possible ».

Il  investit un objet du réel.

Il prélève et associe dans les temps du passé au futur.

Il se refuse toujours à la limite en élargissant  son champ  d’ investigation, en contaminant tout.

Il est devenu tout acte, tout geste de la vie mais chaque fois il crée sa limite dans sa propre énonciation.

 

Les  limites que je donnerai personnellement à l’art seront d’ordre éthique (la vie entière ne pourra être œuvre d’art) :

1. Tout acte réel, (action performance) qui impliquerait des actes de violences sur une personne non consentante, inapte à se défendre. Ainsi que des actes qui atteindraient l’intégrité intime ou la vie d’une personne, pour aucune cause ni idée que ce soit (même, génialement « artistique »)

2. Tout acte réel (action, performance), expérience, qui modifierait et interviendrait sur le vivant (animal,  humain), pouvant causer la souffrance, la mort, l’extinction de l’espèce ou sa modification définitive dans l’évolution naturelle.

3. Tout acte réel (action performance), expérience sur le règne minéral, végétal, cosmique, qui nuiraient gravement ou définitivement, à l’équilibre écologique, local ou planétaire.

4. Tout embrigadement, groupement d’ordre sectaire, qui laisserait sans libre arbitre et sans libre pensée, l’individu enrôlé,  pour une cause artistique, quelle qu’elle soit.

5. Toutes utilisations/participations/manipulations au bénéfice de l’artiste, d’êtres vivants, achetés, payés, vendus, atteints ainsi dans  leur intégrité  personnelle, pour une création d’œuvre d’art de l’artiste commanditaire.

 

 

    LE MOT « ART »                                                                      OU EN EST L’ART  AUJOURD’HUI, EN 2006?

 

-L’art est ou reste un mot vide pour beaucoup d’artistes qui se réfèrent  encore à des pratiques particulières (peinture, sculpture, vidéo…) et à l’histoire spécifique de ces médiums.

-L’art est devenu un fourre-tout en perte de sens. Il reste une satisfaction passagère, une distraction éphémère, une possession valorisante.

-L’art est à son point d’autorépétition extrême. Il se reproduit. Il s approprie sans cesse son propre discours. Il se perd à l’infini dans son miroir. L’artiste s’érige comme un  consommateur dans le supermarché de toutes les images déjà préexistantes. De créateur, l’artiste se mue en reproducteur (mais il n’est en rien le géniteur), ou emprunteur.

-L’art dans ses « révolutions » est un phénomène de mode. Tendance, style, produit de l’air du temps. Il se limite à un  « prêt-à-penser »  téléguidé par la critique.

-L’art répond à la commande de commissaires, critiques ou institutions. L’art se fait  l’illustration de la théorie, d’autrui souvent.

-L’art pour réussir et plaire, doit être simple, répétitif, pour l’acception du plus grand nombre et la transmission médiatique.

-L’art est animation de la cité.

-L’art côté recherche, reste éloigné du public qui ne rencontre que le programme des décideurs (avec budget et politique).

-L’art est pieds et poings liés, avec l’économie mondiale. La reconnaissance valide les  représentants nationaux du pouvoir et du marché.

-L’art n’a pas encore produit le pire dont il est capable. Il n’a pas encore dépassé sa limite.

-L’art radical, comme vu par le passé,  serait le seul à pouvoir éclairer et ouvrir à l’art du futur.

-L’art a inventé l’artiste théoricien de l’art. Mais les opérateurs de l’art préfèrent toujours les producteurs d’objets concrets sans discours. L’artiste théoricien doit être mort pour être rentable.

 

 

   MOUVEMENTS RADICAUX                          QUELLE EST L’IMPORTANCE DE LA NON-IMPORTANCE,

DANS LES MOUVEMENTS RADICAUX ?

 

Il me faudra,  redéfinir en choisissant  dans six mouvements, les premières notions de « non importances » .

 

L’art aujourd’hui, après la prise de ses nouveaux territoires , se porterait  bien,  et à nouveau, du côté de la fanfaronnade, de la légèreté, de l’idiotie intelligente. L’artiste serait , en apparence, redevenu le bouffon, le joyeux, l’amuseur de foire.  Mais quand et comment cela aurait-il commencé ?

 

DADA/CONCERT/THEATRE/-1910

Il y aurait cette aube post moderne du Dadaïsme avec ces gentils messieurs, imbus d’une révolte anti-bourgeoise, anti nationalistes, anti-art officiel. Cela  prend des allures de farce,  de jeux d’enfants, de guignolades, de loufoqueries. Dans la pièce théâtrale, au cabaret, chaque artiste crée une part du spectacle total. Tous les médiums en cours y sont convoqués: poésie, musique, peinture, décors, costumes, danses... L’interdisciplinarité serait née. Absurdités,  volontés de choquer ou trouvailles côtoient les œuvres de recherche. Un semblant de chaos s’installe. Légèreté de la forme pour une gravité des sujets. Légèreté pour des arts qui jusque là n’avait trouvé grâce aux yeux de l’art officiel, et qui s’éclaire d’une nouvelle importance.

 

LES SURREALISTES/PIECE- 1920

Il semble que l’on est enterré là, un temps, la notion de la non-importance. Tout a eu de l’importance. Tout a pris sens. Tout a été investi d’une signification grâce à l’intercession de la psychanalyse et de l’inconscient. Tout a pris valeur d’indice,  dans la quête. L’art revient à une forme d’ésotérisme de sacré. Le hasard, le jeu et l’expérimentation,  s’imprègnent de croyances. Le « vaudou » surréaliste instaure ses codes et ses règles. La non importance a disparu et les dogmes de l’art expérimental voient le jour.

 

FLUXUS INTERNATIONAL/PIECE/CONCERT- 1960

Fluxus rebondit et renoue avec Dada. Simplicité bon enfant, épuration des moyens, pureté de l’acte, humour, légèreté, esthétique nihiliste, actions minimalistes, positions claires par rapport à l’art, à l’identité de l’artiste dans le monde. La non importance devient style, flirte avec les traditions philosophiques  Zen et Indoue. L’importance se lit dans l’engagement politique. L’anti art nait.  L’œuvre tente sa dépossession d’auteur. La pièce Fluxus, la partition, appartient au groupe. Elle se joue dans chaque concert puis se pérennise. La non-importance brille dans la forme: légèreté du haïku de l’éclair visuel. L’importance théorise et grave ses maximes (slogans). Comme avec les DADA, la forme légère, fluide, marrante, énonce des choses profondes.

 

ART CORPOREL/ACTION-1970

D’inspiration post surréaliste quant à ses études autour de l’inconscient, du désir, du sexe, du fantasme,  l’art corporel,  libère et recentre l’individu, le sujet et son corps. L’action se veut unique. Fini les farces à Papa, la forme rejoint le rituel initiatique. Le discours est engagé et défend des libertés comportementales dans une révolution sociale déjà en marche L’action artistique, l’acte, prend valeur d’emblème, de défenses minoritaires, de positions libertaires face à une société répressive. La non-importance aurait totalement disparu. Il reste la gravité, l’intensité, l’engagement total dans l’être-corps-pensée-plaisir-souffrance.

 

NEOISME/ACTIVATION- 1980

Ce groupement d’artistes , né des années punk, organisera des actions/activations  dans lesquelles le principe de l’identité de l’artiste sera aboli. Celui-ci, agira au profit du groupe dans l’anonymat, sous le même nom de « Monty Cantsin ». Le noyau se séparera  pour opérer dans différents pays constituant des réseaux de recherches et  de contaminations. Sur la base de :Art  = virus. Le concept s’avère lourd, contraignant et total.  Il y a une de l’importance dans cette stratégie d’organisation utilisant un mode militariste. L’artiste obéit à des données communes, un mixage insufflé par chacun.  L’artiste individualiste y est révolu. C’est le statut d’être enrôlé qui se joue ici. Le mot d’ordre de « ART STRIKE » impliquera tous les artistes du groupe, dans la non-production d’œuvres pendant un  temps déterminé. Entre expérience fascisante et étude comportementale, l’univers néoiste fait caricature pour tests de laboratoires.  Là, la non-importance  se réfère à la forme des actions, banales, absurdes ou paroxystiques, mêlant les genres et les « ismes » au non-art dans un désespoir teinté d’humour macabre. Rapidement caduque, ce groupe s’est vu reconnu et identifié à un seul de ces artistes mettant en échec tout le concept d’origine. Les autres artistes continuent d’opérer dans l’ombre.

 

PERFORMANCE/EVENEMENT/INTERVENTION…1980

A ses débuts, la performance organise et digère tous les courants précédents. Elle devient une création hybride, ouverte à l’expression de l’artiste tout genre confondu. Importance et engagement, non importance et amusement, selon le choix de l’artiste. Ce qui prédomine à ses débuts, en 1980 en France, correspond à des créations individuelles et intimistes et autonome, hors espaces officiels. Vers 1995, elle réapparait « officiellement » avec la  nouvelle génération.. La non- importance sera alors  l’attitude la plus à la mode.

 

PANSEMIOTIQUE/ THEORIE/ACTION...1987                                                                               23 Juin 2006     Elisabeth Morcellet ©

 

 

 

 

     

 

 

 

                               Action  « Elisamor » Septembre 2006

 

GALERIE DE L’AMOUR.

 

ENQUETE  ELISAMOR . GALERIE M. STROUK

59/  Ecrit théorique « 39  lignes anticipatrices de l’art »

60/ Ecrit théorique  « Réponses à Ben sur l’art »

GALERIE  DE L’EGO

 

MUR DE PHOTOMATONS. GALERIE C. PHALL